Le retour du refoulé. À partir des années 60, des dizaines de fantastiqueurs reprennent le collier de la bête, pas bête du tout du gothique terrifiant. Qui a dit que le fantastique était étranger dans le monde francophone? Erreur ! En voici un démenti formel.
Logique-impossible-400-C1

La logique de l’impossible
Aspects du discours fantastique québécois

michel lord

Finalement, ce qui unit toutes les composantes du discours fantastique, c’est que, au terme du récit, dans le terminus, dans la gare de triage où s’entrecroisent toutes les données des axes horizontaux et verticaux, une sanction est apportée assurant non pas que l’acteur hésite entre plusieurs interprétations (c’est là la fonction de l’évaluation qui mène à la sanction finale), mais que l’acteur admet qu’il y a bel et bien eu imposition de l’étrange, que le phénomène demeure improbable, impossible dans son univers normé, mais qu’il s’est néanmoins produit, toute l’entreprise narrative narrative, descriptive et discursive, passant par l’expérience actorielle, étant là pour l’attester.

À ce titre, le récit fantastique pourrait bien se caractériser par le fait que des hétéronomies radicales se livrent un combat que la seule action de l’écriture peut réguler, mais sans jamais rien régler tout à fait.  Il nous faut toujours, comme le suggère le titre d’un ouvrage posthume d’André Belleau (Surprendre les voix, Boréal, 1986), tenter de « surprendre les voix » pour en déceler les secrets.

1995 | ISBN: 2-921053-47-0 | Nuit blanche | 360 pages