Brèves implosions narratives
La nouvelle québécoise 1940-2000
Vouloir rendre compte de la nouvelle contemporaine au Québec et au Canada français, en ce début de XXIe siècle, relève de la gageure, pour la simple raison que la production s’est démultipliée de manière phénoménale, passant de quelques dizaines de recueils par décennie avant la Révolution tranquille à quelques centaines dans les années 1980.
Avec une moyenne de 10 nouvelles par ouvrage publié, nous nous retrouvons devant une masse textuelle telle qu’il faudra de nombreuses études avant que l’on puisse prétendre avoir fait le tour de la question. Car cette question, elle est complexe, non seulement en raison du nombre de textes, mais surtout parce que les problématiques varient, selon que l’on veut aborder la question du texte féminin ou féministe, des mouvements ou des courants, des « écoles » de Québec, de Montréal, des régions, du Canada français (ontarois, acadien, l’Ouest…), des écritures dites migrantes, des sous-genres (réaliste, fantastique, science-fiction…), sans oublier ce qui se fait dans les revues, surtout depuis la fondation de XYZ. La revue de la nouvelle en 1985 et autres périodiques spécialisés (Stop, Virages…), dans les anthologies, les recueils collectifs et chez les auteurs eux-mêmes, dans leur singularité, de plus en plus nombreux .
Plutôt que d’unité, il faut parler d’hétérogénéité, la diversité étant déjà presque incommensurable. Faute de pouvoir saisir l’ensemble du corpus en un seul ouvrage, je chercherai ici, à partir d’œuvres particulières, à saisir le sens et à rendre compte des formes fluctuantes du texte narratif bref au cours de son histoire.